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Le premier jour du reste de ta vie

Le premier jour du reste de ta vie

Il y a quelques jours, assis à la terrasse d’un café avec quelques connaissances, nous refaisions le monde.
Coïncidence (ou synchronicité), les personnes assises autour de la table avaient toutes pour point commun d’avoir (sur)vécu (à) des événements relativement « lourds » dans le passé (guerres, violences conjugales, maladies, …).
Autre point commun, chacun des attablés avait la sensation d’avoir, je cite, « franchi un cap », d’être désormais dans « la partie la plus belle de leur vie » et qu’aujourd’hui, « quoi qu’il se passera dans leur vie, ce ne sera pas grave ».

À un moment, l’une des participantes à cet apéro-jus-de-fruits lance : « ce qui est étonnant, c’est que je me souviens précisément du jour où tout a changé, du jour où j’ai trouvé l’élan qui me porte aujourd’hui, du jour où j’ai basculé du bon côté de la vie ».

Un silence s’est installé quelques instants. En observant les visages autour de moi, je constatais que nous étions tous plongés dans une même pensée : « c’était quel jour pour moi ? ».

Et ce jour où « tout a basculé du bon côté de la vie » pour moi, non seulement je m’en suis souvenu instantanément, mais au delà du jour, je me souviens de l’instant précis.

Plusieurs des personnes ont utilisé le mot « déclic » ou celui de « déclencheur » pour décrire ce fameux jour.
Et ces deux mots conviennent parfaitement à cet instant où j’ai pris conscience que quelque chose d’intense venait de se passer en moi car, juste à cet instant, j’avais appuyé sur le déclencheur de mon appareil photo.

Je me souviendrai toujours de ce centième de seconde précis. De l’image cadrée bizarrement que je voyais s’afficher sur l’écran de l’appareil. De la pression de mon doigt sur le déclencheur. Du son de la prise de vue avec le basculement du miroir. De la sensation très étrange qui s’est installée en moi.
Je ne comprenais pas ce qui se passait.
Et cette mélodie qui s’est installée dans mon esprit accompagnée de ses paroles, celles de la chanson « le premier jour (du reste de ta vie) » d’Etienne Daho… que venaient-elles faire là, juste à ce moment ?
Je savais juste qu’il se passait quelque chose de très puissant, qu’à compter de cet instant plus rien ne serait jamais pareil.

La photo, c’est celle qui illustre ce texte. Cette photo, sans aucune valeur artistique ou technique, est ancrée dans ma mémoire. À chaque fois que je la regarde, je replonge dans cet instant, dans cet état indescriptible tant il est fort. J’ai la sensation qu’elle s’anime et que je revis ce moment.

Je souhaite à tous de connaître un jour ce genre d’expérience ; même si sur le moment on n’en mesure pas la portée exacte, on n’arrive pas à expliquer ce qu’on est en train d’éprouver. C’est au fil du temps, des semaines, des mois, des années qui suivent, que l’on commence à comprendre et à apprécier tout ce qui s’est passé, tout ce qui s’est installé en nous depuis cet instant.

Cette photo me suit partout. Dans ma mémoire bien sûr, mais elle est aussi constamment enregistrée dans l’album de mon téléphone.
Quand, à cette terrasse de bistrot, est venu mon tour de raconter mon expérience, j’ai sorti le téléphone et montré la photo. Les regards curieux ont laissé la place à de francs sourires. La personne assise à côté de moi a longuement fixé la photo pendant que des larmes s’installaient dans ses yeux. Elle m’a alors dit : « ce qui est étrange avec une photo, c’est que même sans avoir été là quand elle a été prise, je peux imaginer ce qui se passait à cet instant précis. Et là, j’imagine le bruit des pas des passants sur le pont, leurs voix, le grondement du moteur des péniches sur la Seine, le son du déclencheur mais, les deux choses les plus troublantes, ce sont que j’ai la sensation de percevoir ton sourire quand tu as entendu la mélodie et éprouvé la sensation que tu viens de nous décrire, puis que, juste après avoir pris la photo, tu as pris conscience que les cadenas n’étaient pas l’élément important de la photo… ».

Parfois, il suffit juste d’un centième de seconde pour qu’une vie bascule « du bon côté ». Appréciez chaque instant qui passe et… qui sait ?

À propos de l'auteur

Manu

Une âme d'enfant dans un corps d'ours. Passionné par les passionnés, adore découvrir, apprendre et s'émerveiller. Son leitmotiv : Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait.

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